20 ans pour l'éternité
En ces temps de commémorations, j'apporte mon humble contribution. Je sais ça fait longtemps que je n'ai pas posté ici, mais le temps me file entre les doigts plus vite que les grains de sable de mon propre sablier...
J'habite à quoi, 50, 60 km de Verdun. Mais jusqu'à récemment je n'y étais allé qu'en touriste, pour flâner ou travailler. Si la Seconde Guerre mondiale me touche personnellement, la Première ne suscitait tout au plus qu'une indifférence polie. Mais une amie de la famille venue du Poitou a voulu voir Verdun, son Mémorial, ses champs de bataille et l'ossuaire de Douaumont. Ce qui m'a frappé ce n'est pas l'alignement impeccable des innombrables croix blanches, ni l'empilement des os blanchis du sol de l'ossuaire. Même si les restes des malheureux combattants offerts à la vue de tous vous rappellent de manière implacable que nous sommes peu de choses sur cette terre. Non, ce qui m'a marqué, moi qui avait 26 ou 27 ans, ce sont les dates de naissance de tous ceux qui sont tombés. Ces dates gravées dans la pierre jaune de la voûte de l'Ossuaire. Tellement nombreuses qu'elles donnent invariablement le vertige, vous plaçant en plein milieu d'un catalogue funèbre minéral. Ils étaient tous nés en 1894, 1895, parfois avant, parfois après, mais guère plus. Pour nous, cela remonte loin, presque 2 siècles, pour eux cela faisait tout juste 20 ans. 20 ans et mourir, pour tout et pour rien. 20 ans pour l'éternité.